« Un café maison » de HIGASHINO Keigo
Mon avis :
Les deux policiers se réjouissent d’avance d’une affaire aussi simple à résoudre, jusqu’à ce qu’ils déchantent lorsqu’ils apprennent que l’alibi d’Ayané est indestructible. En effet, l’épouse de Yoshitaka était au moment des faits dans sa famille à Sapporo (ville située sur l’île d’Hokkaidō et très éloignée de Tokyo) pour un séjour de quelques jours, sous prétexte que, son père n’allant pas bien, elle se sentait dans l’obligation morale d’aller donner un coup de main à sa mère qui, seule, ne s’en sortait plus. Coup dur pour les deux enquêteurs qui du coup se retrouve devant une énigme amoureuse trop complexe pour eux et qui les conduira à se tourner à nouveau vers l’éminent et fidèle physicien YUKAWA. La question reste cependant simple : « Est-il possible qu’à distance MASHIBA Ayané ait réussi à empoisonner son mari en ajoutant une quantité suffisante d’arsenic dans son café ? » La réponse du scientifique est, comme à son habitude, plutôt laconique : « C’est tout à fait impossible, mais… il faudrait vérifier quelques détails que je ne peux vous communiquer pour le moment ».
On retrouve dans « Un café maison » les trois protagonistes du « Dévouement du suspect X », à savoir l’inspecteur KUSANAGI, sa collègue UTSUMI Kaoru et leur fidèle assistant scientifique, le professeur YUKAWA. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces personnages sont tout aussi littérairement mal dessinés, inexistants, voire insipides que dans « Le dévouement du suspect X ». Même si HIGASHINO Keigo tente à nouveau une petite amourette entre l’inspecteur et la suspecte, rien n’y fait, le lecteur n’y porte aucun intérêt. Seul YUKAWA le scientifique se distingue légèrement du lot par son côté obscurantiste et mystérieux.
Le livre doit donc être entièrement porté par l’intrigue du roman : son mystère, ses secrets, son évolution et, bien évidemment pour un roman policier, par son dénouement. Le seul mystère de ce récit est de savoir comment il a été possible à une personne d’en empoisonner une autre à distance sans que personne puisse parvenir à en découvrir le moyen utilisé. Dès le départ, le lecteur est mis sur la piste, non seulement du meurtrier, mais également du processus employé, même s’il n’est bien évidemment entièrement décrit. Une grande partie du récit est faite de retours à la case départ, d’essais manqués, mais malheureusement jamais de réels renversements de situation. Tout a l’air cousu de fil blanc sans aucun accroc, et c’est bien ce qui rend ce récit passablement ennuyeux. De temps à autre, un nouvel événement fait son apparition et relance l’envie du lecteur d’être surpris, mais l’événement se termine tout aussi rapidement qu’il n’est apparu dans une impasse qui ramène tout le monde à la case départ, déçu.
Et ce n’est pas le style littéraire d’HIGASHINO, même s’il est loin d’être terne (cf. : « La maison où je suis mort autrefois ») qui pourrait miraculeusement relever ce récit bancal, anodin et à la limite de l’improbable. Le récit policier ne peut jamais se satisfaire d’une idée, aussi géniale soit-elle. Encore doit-il convaincre, surprendre, dérouter le lecteur, ce qui n’est malheureusement pas le cas de ce roman plutôt chétif et décevant.
Un café maison sur Amazon.fr